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Le calme après la tempête… Ce matin, il fait beau. Du coup petit dej avec vue.

On a un timing à respecter ce matin : une belle journée nous attend. En effet, on part en “croisière” depuis Berthier sur Mer avec les croisières Lachance pour nous rendre à Grosse Île, une île sur le fleuve Saint-Laurent.

Grosse Île fait partie des parcs nationaux canadiens, il est obligatoire de réserver une visite pour s’y rendre. Cette visite nous tient à cœur car il nous semble qu’elle fait partie intégrante de la riche histoire de construction du pays, et nous fait penser à Ellis Island à New York, qui nous avait beaucoup impressionnées. Grosse Île a été la station de quarantaine pour tous les immigrants arrivant au Québec entre 1832 et 1937. Toute la journée, les guides vont nous expliquer comment fonctionnait cette station et comment elle évolué au fil du temps.

Les guides nous accueillent, certains costumés et nous expliquent le déroulement de la journée alors que nous avons été répartis en groupes. L’organisation est huilée, impeccable. Nous, on se retrouve devant la boulangerie. La visite commence par le petit train pour nous rendre de l’autre côté de l’île :

L’île était divisée en 3 parties distinctes :

  • la partie ouest accueillait les sujets sains le temps de leur quarantaine (le temps était variable selon la maladie du moment, typhus, cholera, etc, donc entre 5 et 21 jours) dans 3 hôtels différents suivants leur classe (dans le bateau),
  • la partie centrale accueillait le village, des familles des travailleurs saisonniers sur l’île (la station fonctionnait seulement quelques mois dans l’année), mais aussi les résidents à l’année,
  • la partie est était consacrée aux malades.

Nous traversons la partie village dans notre petit train :

Le gardien avait un rôle crucial : sa maison était située sur la frontière entre le village et le quartier des malades, il devait donc surveiller attentivement ce qui se passait d’un côté (4 fenêtres côté village) et de l’autre (6 fenêtres côté quartier des malades) :

Nous parvenons donc au quartier des malades. La station a connu quelques hésitations d’organisation à ses débuts, notamment du fait que les immigrants étaient entassés dans des bateaux à voile comme du bétail pendant 40 jours en mer, et que les virus s’y propageaient donc largement. La quantité de malades à gérer était importante, notamment pendant la tragédie de 1847 qui a vu des dizaines de milliers d’Irlandais fuir leur pays à cause de la famine (provoquée par le mildiou dans les pommes de terre et par les anglais). 5000 des 7500 personnes mortes pendant les 105 années de service de la station de quarantaine sont mortes pendant cet été affreux de 1847. Il y avait des dizaines de baraquements comme celui-ci :

Cette dernière salle en rouge était supposée aider les malades de la variole.

Nous repartons, toujours en petit train, croisons l’institutrice du village, Mademoiselle Rousseau :

Nous passons aussi devant l’édifice qui accueillait les malades du choléra :

Pour notre “temps libre”, nous retournons au village pour déjeuner :

La visite se poursuit l’après-midi avec la visite du cimetière où sont enterrés les 5000 morts irlandais de la tragédie du 1847 et le monument qui leur est dédié :

Notre visite dans la partie ouest de l’île se poursuit par la visite de l’hôtel première classe :

Les sujets sains pouvaient donc y rester entre 5 et 21 jours, tout dépendait de la maladie présente sur le bateau. Les conditions se sont d’ailleurs bien améliorées avec le développement des bateaux à vapeur (d’où les “classes”) car il n’y avait plus que 5 à 7 jours de mer et les migrants étaient moins entassés dans les bateaux. Voici la façade de l’hôtel 3ème classe :

Et la tour de contrôle entre la partie ouest réservée aux sujets sains et le village : les migrants n’étaient pas autorisés à aller dans le village.

Nous terminons notre visite par la salle d’inspection sanitaire, où les infirmières nous inspectent la langue, les yeux etc.

Les effets personnels des migrants étaient intégralement désinfectés à la vapeur et eux-mêmes devaient se soumettre à une douche (individuelle) désinfectante pendant que leurs habits passaient dans ces énormes machines.

Une fois tout et tout le monde désinfecté, les sujets sains commençaient donc leur quarantaine et devaient se soumettre de nouveau à une inspection régulière pendant leur quarantaine. Les non vaccinés devaient se faire vacciner obligatoirement afin de pouvoir fouler le sol canadien ensuite. La quarantaine terminée, des bateaux les emmenaient à Québec où ils pouvaient démarrer leur nouvelle vie…

Après 1937, la station n’était plus rentable, les malades étaient de moins en moins nombreux et les hôpitaux de Québec et Montréal pouvaient gérer le flux de migrants malades. La station de quarantaine a donc fermé. Mais l’activité sur l’île a perduré : des travaux bactériologiques par les armées américaine et canadienne ont été menés secrètement (avec la fabrication d’anthrax notamment) jusqu’en 1956, puis c’est devenu une station de quarantaine pour les animaux jusqu’en 1985 :

C’est l’heure de quitter l’île après plusieurs heures de visite :

Nous avons trouvé cette visite fort intéressante, qui ne peut que faire écho à ce qui se passe dans nos vies depuis 2020… L’histoire se répète, et c’est frustrant. Bref, c’est une journée marquante pour nous.

Nous revenons sur le plancher des vaches où l’orage s’en vient comme on dit ici :

Le temps de faire une lessive, il est parti :

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